Arbres de plaine… Arbres des montagnes…

La végétation change en fonction de l’altitude! En plaine, on retrouve des bois nobles pour l’ébenisterie et la menuiserie tels des chênes ou des arbres fruitiers comme le cerisier. Dès qu’on approche les régions de montagne, les feuillus laissent la place progressivement aux résineux comme le sapin blanc ou l’épicéa. Souvent, à ces altitudes, on retrouve encore nombre de hêtres , de frênes ou encore quelques érables.

Plus haut, c’est l’étage subalpin. Il commence environ à 1700 m dans les Préalpes, et 2300m dans les Alpes, selon la rudesse du climat. Ici, peu de feuillus arrivent encore à croître, mais on peut retrouver encore par exemple des sorbiers des oiseleurs, ce petit arbre de 15 m de hauteur qui garde ses fruits rouges écarlates durant l’hiver. D’ailleurs, ses fruits étaient utilisés autrefois pour attraper les oiseaux, d’où son nom. Cet arbre n’a cependant pas grand intérêt en menuiserie, si ce n’est pour des objets de décoration au tour à bois.

Parce qu’il y fait froid, on retrouve des essences résineuses comme le pin à crochets, le pin sylvestre, le mélèze ou l’arolle, qui seront capables d’aller rejoindre les rhododendrons et les myrtilles encore plus haut!

L’arolle, bois des montagnes par excellence!

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L’arolle est l’espèce indigène suisse la mieux adaptée pour les régions de montagne, où les températures peuvent varier brutalement entre le jour et la nuit, l’ombre et le soleil, l’été et l’hiver.

L’arole a la particularité d’avoir ses aiguilles regroupées par 5, alors que le pin sylvestre les aura en groupe de deux ! C’est ainsi que vous pouvez à présent reconnaître un arole à coup sûr lors de vos prochaines randonnées en montagne!

C’est un arbre qui peut vivre jusque dans la zone de combat, celle où les vents sont trop forts, la neige trop abondante et les sols trop peu profonds pour les autres espèces. Témoin et subissant les orages et la foudre, ils ont alors quelques-unes de leur branches cassées, leur donnant un aspect de combattant des alpes.

Par ce rude climat, l’arole croît très lentement, et c’est à partir de 60 ans qu’ils commencent à donner leurs premières fleurs. La fleur femelle se dessine sous forme de pive contenant jusqu’à 150 graines chacune. A l’intérieur, si vous prenez la peine d’en ouvrir une, vous retrouverez une amande très savoureuse,  utilisée autrefois dans les tourtes aux noix de l’Engadine. Ces graines sont très appréciées des montagnards… mais, comme vous le lirez plus bas, pas que!

l’arole se reproduit par des pives chargées de pinions délicieux

Cet arbre croît dans les Carpates et les Alpes et est venu avant l’épicéa. Ses populations ont nettement décru lors de l’utilisation intensive du bois et de l’exploitation  des alpages, où il fallut défricher pour gagner en surfaces herbagères pour le bétail. Grâce à la loi sur les forêts entrée en vigueur en 1876, cet arbre a pu peu a peu recolonniser nos Alpes pour notre plus grand bonheur.

En Suisse, l’arole est un arbre emblématique puisque plus de 70 points géographiques portent son nom ou un dérivé, comme Arolla bien sûr mais aussi Arvengarten situé au pied de l’Eiger, Arbenhorn ou même l’Arbenbiwak au pied de l’Obergabelhorn, un sommet culminant à plus de 4000m.

Rencontre avec la faune…

A l’altitude où vit l’arole, on retrouve nombre d’animaux adaptés, comme la marmotte, le chamois ou le choucas. Tous ont comme point commun qu’ils ont développé une stratégie pour s’adapter à ce milieu hostile. Ainsi, le chamois possède des sabots pour pouvoir s’agripper aux parois rocheuses et assurer sa mobilité et la recherche de nourriture, tout comme le bouquetin. Il sont capables de survivre en hiver, en hibernant, comme la marmotte, ou en épaississant leur pelages ou plumages. Ainsi, les lagopèdes alpins élargissent leur pattes pour pouvoir marcher sur la neige grâce à un surplus de plumes jouant le rôle de « raquettes à neige ». Ces derniers changent également de couleur en fonction de la saison afin d’échapper aux prédateurs. Certains ont développé des caractères afin d’augmenter les chances de capture de proies, comme l’oeil performant ou les griffes redoutables des aigles.

C’est aussi le lieu d’habitat du casse-noix, un bel oiseau gris qui appartient à la même famille que le chocard à bec jaune. Il vit de 700m à 2200m et se reconnaît facilement une fois que vous avez appris à entendre son croassement. Egalement grand amateur de fruits d’arole, l’homme l’a d’abord chassé parce qu’il entrait en concurrence avec lui. On pensait à l’époque que cet oiseau décimait les populations d’arole, alors qu’en réalité, c’est tout le contraire…

Cet oiseau est incroyable! Pour constituer les réserves de nourriture durant l’hiver, il passe sont temps à détacher des pives des arolles et les déplace au pied de l’arbre ou entre deux branches. Là, il va prélever les graines et soit les mangera direct, soit les cachera aux pieds de rochers ou d’arbres protégés de la neige qu’il retrouvera pour l’hiver. C’est plus de 10’000 cachettes avec chacune 10 graines que le casse-noix pourra aménager au cours de la période de végétation. A chaque parcours, il peut transporter 100 graines d’arole dans son gésier et parcours ainsi jusqu’à 15 km. De plus, il peut aller disséminer ces graines jusqu’à 600m plus haut ou plus bas que l’altitude de l’arbre choisi! Un vrai disséminateur donc!

Grâce à une astucieuse stratégie, l’arole produit tous les 4-5 ans une grande quantité de graines, production beaucoup trop importante par rapport à celles utilisées par les casses-noix et les écureuils. Ainsi, si ces disséminateurs venaient à disparaître à cause du changement climatique, cette stratégie pourrait assurer au moins le rajeunissement des peuplements. Cependant, vu que la dispersion de l’espèce serait compromise, si les températures à l’altitude à laquelle pousse les aroles devenaient trop élevées pour leur survie, ceux-ci ne pourraient pas se déplacer plus haut en altitude sans l’aide de leur oiseau!